Rochers sculptés et balade iodée à Saint Malo
Comme beaucoup de monde, la Bretagne est une de mes régions préférées pour une courte escapade, une bouffée d’air marin ou une balade urbaine.
Saint Malo est une de mes destinations préférées pour un weekend d’évasion. Je pensais avoir déjà vu la plupart des curiosités du coin, mais c’était avant de découvrir les rochers sculptés de l’abbé Fouré.
Les Rochers Sculptés de l’Abbé Fouré ne se trouvent pas directement à Saint Malo mais juste à quelques kilomètres, à Rothéneuf. C’est l’occasion de faire une balade le long de la côte pour y accéder. Il faut compter 1h30 de marche depuis Saint Malo intra-muros. Pour les plus pressés ou paresseux, les lignes de bus 4 et 8 vous rapprocheront et il restera moins de 1km à marcher.
Jardin de pierre et musée à ciel ouvert
Les Rochers sculptés sont le travail de l’Abbé Fouré (Adolphe Julien Fouéré de son vrai nom) qui, suite à un accident, est devenu sourd et a dû mettre fin à son ministère.
Pour s’occuper, il se lance alors dans une œuvre à la fois colossale et obsessionnelle : il se retire à Rothéneuf et va tous les jours sculpter les rochers du littoral.
Pendant plus de 15 ans il va faire jaillir de la roche des visages, des personnages, des créatures, issus de son imagination, de son quotidien et des légendes locales.
Le résultat de ce travail : un musée à ciel ouvert de 500m² taillé dans le granit et plus de 300 œuvres plus ou moins cachées en fonction de leur tailles ou degré d’érosion.
C’est d’ailleurs le côté plus ou moins visible des sculptures qui m’a plu : Si on voit et apprécie rapidement les plus grandes et les plus évidentes, il faut prendre son temps pour explorer le site. Comme pour un ciel étoilé, plus on reste longtemps à le regarder, plus le regard s’accommode aux teintes du granit, et plus on voit des formes, des visages, des histoires émerger de la roche.
L’exploration se transforme alors en véritable jeu de piste, et il n’est pas rare, en repassant à un endroit, de se rendre compte qu’il y avait encore plusieurs personnages qui nous avaient échappés lors de notre premier passage.
Un art brut en péril
Le site est accessible en payant un droit d’entrée de 2,50€ pour les adultes ( c’est gratuit pour les moins de 10 ans), mais il est possible de s’y rendre gratuitement en arrivant directement par la plage à marée basse.
Le prix d’entrée permet à la famille propriétaire du lieu de l’entretenir, mais je trouve que l’endroit mériterait d’être mieux protégé : Rien n’est fait pour éviter que le site ne soit victime de son succès auprès des visiteurs qui sont libres de marcher absolument partout et donc de piétiner les nombreuses œuvres, accélérant leur érosion et donc leur disparition.
J’aurai aussi apprécié un petit papier ou un panneau à l’entrée qui donnerait plus d’informations sur le lieu, les significations de certaines fresques, ou tout simplement quelques mots et une photo pour présenter M. Fouéré, « l’homme de Granit ».
Ceci n’enlève rien à la magie de l’endroit et nous rappelle aussi que même taillé dans le granit, rien n’est éternel.
Cependant, si la disparition de ces œuvres est inévitable à long terme, ne serait-ce que par l’action des embruns et de la marée, on peut en retarder l’effacement et l’oubli.
C’est ce à quoi l’association des Amis de l’œuvre de l’abbé Fouré s’emploie depuis plus de 10 ans. Elle a mis en place le Centre d’interprétation de l’Ermite de Rothéneuf. Ce petit musée situé à Saint-Malo présente les fameux panneaux explicatifs du travail de l’abbé, qui m’avaient manqué à proximité du site. Il est aussi possible de faire une visite virtuelle des rochers, une belle manière de sauvegarder et pérenniser ce travail titanesque.
L’accès à ce musée est gratuit afin de « respecter les valeurs de l’artiste », donc n’hésitez pas à y faire un tour.
La photothèque du patrimoine de la région Bretagne contient aussi de nombreuses photos de l’Ermitage de Rothéneuf et des rochers sculptés, pour une autre plongée dans l’histoire.
Je vous laisse sur une note de poésie visuelle et narrative, avec cette vidéo extraite du documentaire de 52 minutes, « L’homme de Granit » réalisé par Fred Daudier et Olivier Gouix en 2002.
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